L’hôpital durable de demain : guérir à travers la nature, l’art et la musique

le 19 novembre 2025

Dans un monde marqué par les défis environnementaux et le surcroît de stress psychologique, l’hôpital de demain doit d’être plus qu’un simple lieu de soin : il doit devenir un véritable refuge de guérison holistique.

Quant à cet objectif, VIVACE a eu le plaisir cette semaine de participer au 7ème Symposium International Jardins & Santé organisé à l’Hôpital Sainte-Anne à Paris, doté de ses 1.375 arbres qui font de l’hôpital un véritable oasis de verdure.

Lors du Symposium, nous avons abordé le rôle des jardins thérapeutiques dans différents contextes médicaux, sociaux et environnementaux : les modèles européens de jardins thérapeutiques, leur intégration dans les parcours de soin (notamment en matière d’oncologie et de santé mentale) et la réalisation des passerelles entre l’écologie, la santé et la création de nouveaux métiers. Le Symposium était également l’occasion de célébrer les 20 ans de l’association Jardins & Santé, avec une mise en perspective de ses avancées et ses orientations futures.

Le jardin thérapeutique et ses bienfaits

Au-delà des approches purement médicalisées, la vision d’un « hôpital durable » intègre la nature, l’art et la musique comme piliers essentiels de la santé : des jardins thérapeutiques, des espaces verts sur les toits, des œuvres d’art inspirantes et des interventions musicales sont autant d’éléments qui participent au bien-être physique et mental des patients, du personnel et de la communauté.

Le jardin thérapeutique est un pilier important de cette vision de l’hôpital. Alors qu’est-ce que l’on y trouve ? Les plantes aromatiques, les arbres, les fleurs… des chemins sensoriels, des espaces de repos… le tout entouré de végétation douce.  Lieux d’accueil de soins de relaxation, ces jardins sont aussi bien placés pour accueillir la musicothérapie, les ateliers de peinture, de sculpture et de danse ou d’autres exercices de motricité et de coordination.

Un panorama des exemples européens

Lors du Symposium, nous avons exposé différents modèles de jardins existants en Europe. A ce titre, le jardin thérapeutique Nacadia et la forêt santé Octovia au Danemark ont été abordés. Nacadia, niché dans un arboretum, combine clairières, mare, ruisseau et sentiers forestiers pour permettre la pleine conscience, le jardinage et des moments de ressourcement. La forêt Octovia, organisée en huit salles sensorielles reliées par un sentier circulaire, propose des expériences variées — sérénité, refuge, espace social et perspectives — visant à alléger le stress et promouvoir la santé mentale à travers un contact riche et structuré avec la nature.

Par ailleurs, le jardin thérapeutique de l’IRCCS San Camillo, situé sur l’île du Lido à Venise, est le premier espace de neuro-réhabilitation de ce type en Italie. Ici, les thérapies intégratives complètent la rééducation classique en exploitant le cadre naturel du Lido — jardin, plage, parc — pour favoriser le rétablissement des patients. Ces approches incluent notamment un jardin thérapeutique (« un giardino per rivivere ») où les patients participent à des activités de jardinage adaptées pour stimuler leur motricité et leur cognition, dans un cadre relationnel et apaisant. En été, l’accès à la plage privée de l’hôpital permet de combiner mouvement, air marin et lumière, contribuant ainsi au bien-être psychophysique des patients.

En Allemagne, la VAMED Klinik Hattingen cherche à promouvoir la thérapie par le jardin – ou gartentherapie – en tant qu’outil central de soin. Les patients, qu’ils souffrent de troubles neurologiques ou autres, sont invités à s’engager dans des activités végétales : semer, entretenir des plantes, ou tout simplement se connecter avec la nature. Ce cadre naturel favorise la détente, la redécouverte sensorielle, et le renforcement des ressources intérieures. En plus de contribuer à la réadaptation physique, cette approche soutient aussi le bien‑être psychologique, en réintroduisant un lien apaisant et structurant avec le vivant.

Les recherches et les sources d’inspiration

Selon les recherches exposées par les professeurs et chirurgiens présents au Symposium, la nature offre bien plus qu’un simple cadre agréable : elle agit comme un véritable catalyseur de santé et de bien-être.

Le shinrin-yoku, ou « bain de forêt », en est un exemple emblématique. Cette pratique japonaise consiste à s’immerger pleinement dans l’atmosphère des bois pour se ressourcer et apaiser l’esprit. Il ne s’agit pas de randonnée, mais de marcher lentement, respirer profondément et observer attentivement les arbres, les oiseaux et les parfums de la forêt, créant ainsi un rituel où corps et esprit se synchronisent avec le rythme apaisant de la nature.

Cette immersion naturelle a des effets concrets sur notre physiologie. Selon la théorie des vieux amis, le contact avec la nature nous expose à des micro-organismes ancestraux présents dans la terre, l’eau et les plantes. Ces microbes stimulent nos microbiotes cutané, digestif, respiratoire et génital, contribuant à réguler l’inflammation chronique et à renforcer le système immunitaire. Des gestes simples comme jardiner ou se promener en forêt deviennent ainsi de véritables alliés pour la santé.

Parallèlement, la théorie psychophysiologique explique que ces interactions avec la nature régulent le système nerveux central en activant la sérotonine, la dopamine et l’ocytocine. De ce fait, on améliore la relaxation, l’attention et la captation mentale, tout en générant des sensations de plaisir et de bien-être.

Place à l’hôpital durable de demain

Et si on imaginait l’hôpital de demain qui fait des clins d’œil à la nature ? Les toits sont tellement verts qu’on pourrait presque y faire un pique-nique, les murs respirent comme des poumons géants, et l’eau de pluie se transforme en fontaine. Les jardins ne sont pas juste là pour faire joli : ils construisent des microclimats dans un lieu urbain et accueillent tous les publics… ceux qui soignent, ceux qui ont besoin d’être soignés, tout comme les oiseaux et les écureuils.

Les couloirs se transforment en galeries où vos yeux font la fête, les salles d’attente deviennent des concerts improvisés. Les médecins et les artistes deviennent partenaires pour nourrir non seulement le corps mais aussi l’âme… une étape vers la ré-humanisation de l’environnement à travers la nature. De magnifiques perspectifs pour la santé, synonyme du vivant.

CPM

Suivant
Suivant

Mitigating biodiversity risk in the mining and metals sector